Depuis que je suis toute petite, rassembler les gens a toujours été une seconde nature. Je n’ai jamais aimé les confrontations ni les tensions qui divisent. Ce n’est pas que je les déteste, c’est plutôt que j’ai toujours ressenti un appel intérieur à créer des ponts, à apaiser les incompréhensions et à rapprocher les cœurs.
Ce désir est né d’un vécu marqué par l’intimidation, le rejet, le racisme et les préjugés. Enfant, je ressentais déjà le besoin profond d’un monde où chacun peut être vu, entendu et accueilli dans sa vérité. Aujourd’hui, en tant qu’entrepreneure autochtone, ce besoin est devenu une mission.
Une philosophie d’affaires fondée sur l’humain
Dans mes expériences entrepreneuriales, j’ai compris que les plus beaux partenariats d’affaires ne reposent pas uniquement sur des ententes ou des stratégies. Ils naissent de la confiance, de la vision commune, et surtout, de la qualité du lien humain.
Mon père, un homme de vision et de cœur, m’a toujours rappelé que l’intelligence collective commence par un regard sincère, une poignée de main vraie, une intention claire. Il me disait :
« Ce n’est pas le nombre de clauses dans un contrat qui compte, mais le lien qui unit les cœurs. »
Bref, être capable de regarder les gens dans les yeux et de bien dormir la nuit!
Et je le crois profondément. J’ai souvent vu, dans des salles de réunion ou des tables de négociation, des gens utiliser les mêmes mots sans se comprendre. Des dialogues de sourds où le mental prend le dessus, ou chacun se referment et où personne ne sort gagnant.
C’est ce constat qui m’a amenée à créer une nouvelle voie.
Réconcilier deux visions du monde
L’univers des affaires tel qu’on le connaît aujourd’hui, avec ses structures, ses modèles, ses indicateurs est issu d’une vision occidentale, rationnelle et souvent linéaire du développement. Cette vision n’a jamais fait partie des fondements traditionnels des Premières Nations, qui fonctionnaient selon d’autres logiques, celles du cercle, de l’interdépendance, de l’équilibre entre les êtres et les éléments, du respect du vivant et de la transmission intergénérationnelle.
Nos Ancêtres n’ont pas eu besoin de créer un modèle d’affaires tel qu’on l’entend aujourd’hui, parce que leur mode de vie était un modèle de développement durable en soi. Leur économie était une économie de liens, de réciprocité, de partage, ancrée dans une vision sacrée du territoire.
Mais avec la colonisation, l’industrialisation, et l’imposition de structures externes, les Premières Nations ont dû apprendre à s’adapter à un système qui n’était pas le leur et souvent sans avoir d’outils pour expliquer leur propre vision du monde.
C’est pourquoi j’ai ressenti l’appel de créer mes propres outils. Des outils-ponts. Une méthodologie qui permette de traduire les grands concepts des affaires contemporaines à la lumière des valeurs et de la sagesse ancestrale. Des outils pour bâtir des ponts entre deux visions du développement, entre deux manières d’entreprendre, entre deux mondes qui ont tant à apprendre l’un de l’autre.
L’union du cœur, du cerveau… et de l’âme
Au fil des années, j’ai reçu de nombreux enseignements de guides autochtones et j’ai poursuivi des formations en neurosciences et en intelligence émotionnelle. Ces deux mondes, celui des savoirs ancestraux et celui des sciences contemporaines, ne sont pas en opposition. Au contraire. Ils se complètent, se nourrissent et se renforcent.
Les enseignements de la roue de médecine, par exemple, nous ramènent à l’équilibre des quatre dimensions de l’être : le corps, le cœur, l’esprit et l’âme. Les neurosciences, quant à elles, nous expliquent comment nos réactions, nos schémas, nos automatismes peuvent être transformés par la conscience et l’attention. L’intelligence émotionnelle, elle, nous outille pour mieux communiquer, mieux écouter, mieux accueillir.
C’est en mariant ces approches que j’ai développé ma propre méthodologie. Une façon de rassembler les individus et les équipes autour de ce qui compte vraiment : des valeurs partagées, une vision commune, une relation de confiance sincère. Une méthode pour apprendre à mieux se comprendre soi-même, mieux comprendre l’autre… et mieux travailler ensemble.
Se réconcilier avec soi, pour mieux se réconcilier avec les autres
Je suis persuadée que la véritable réconciliation, qu’elle soit personnelle, professionnelle ou collective, commence par la reconnexion à notre cœur.
C’est en retrouvant notre essence, en osant déposer nos mécanismes de protection, nos peurs et nos armures (nos bottes à cap), que nous pouvons entrer en relation autrement. C’est aussi là que se trouve le vrai potentiel d’innovation: dans cette rencontre entre le savoir du passé et la conscience d’aujourd’hui.
Je n’ai pas choisi de créer des ponts pour faire beau. Je le fait parce que c’est vital pour moi, pour mes équipes, pour mes clients, et pour le monde que j’espère laisser à ceux qui viendront après nous.