Mocassins et bottes à cap

11 septembre 2025

Réconciliation : un chemin à tracer ensemble

Il y a bientôt un an, nous lancions Mocassins et bottes à cap. Ce projet est né d’une rencontre improbable entre deux univers, deux façons d’avancer dans le monde. Marc et moi avons marché côte à côte sur ce sentier d’écriture, et au fil du parcours, nous avons fait de nombreuses prises de conscience.

L’une d’elles que Marc m’a partagé et qui m’a profondément marqué, il l’a formulée ainsi :

« Je croyais qu’il y avait un peuple à guérir. Et j’ai compris que c’est moi qui devais être guéri. »

Ces mots sont puissants, parce qu’ils révèlent une vérité que nous oublions trop souvent : la réconciliation ne se vit pas uniquement à travers des politiques, des lois ou des gestes collectifs. Elle commence en soi. C’est un chemin intérieur, intime, qui demande le courage d’abaisser ses armures, de regarder ses propres blessures et d’oser marcher plus légèrement.

Deux traces de pas, un seul cercle

Sur la couverture de notre livre, deux empreintes se rencontrent : celle d’un mocassin, souple, enraciné, silencieux, qui épouse le territoire et respecte le rythme de la nature. Et celle d’une botte à cap, plus lourde, plus rigide, forgée par la défense et la résistance.

Ces pas, si différents, entrent ensemble dans un cercle : celui de la roue de médecine. Ce cercle millénaire, partagé par de nombreuses Nations autochtones, nous enseigne l’équilibre et l’union des polarités. Ses quatre quadrants : rouge, jaune, noir et blanc qui nous rappellent les directions, les saisons, les étapes de la vie, mais aussi les grandes familles humaines. La roue ne rejette personne, elle rappelle que chacun de nous a une place, une voix, une empreinte à offrir au cercle.

Les armures et le retour au cœur

Dans notre titre, les bottes à cap représentent plus que le monde industriel. Elles incarnent toutes les “caps” invisibles que nous portons au quotidien : nos mécanismes de défense, nos égos, nos peurs, nos blessures non guéries. Des armures que nous croyons nécessaires pour nous protéger, mais qui finissent souvent par nous éloigner de notre humanité profonde.

Les mocassins, à l’inverse, rappellent la simplicité et l’essentiel : marcher doucement, écouter le silence, ressentir le rythme du vivant. Ils nous invitent à ralentir, à enlever peu à peu nos caps, et à retrouver le chemin du cœur.

La réconciliation comme chemin universel

Lors du lancement de notre livre, lorsque Marc s’est exprimé en toute vulnérabilité sur ses prises de conscience et sur ces blessures, une femme des Premières Nations a pris la parole et a dit, émue :

« Je n’avais jamais réalisé que les Allochtones portaient aussi leurs blessures. J’étais tellement concentrée sur les blessures de mon peuple… que je ne voyais pas que chaque humain en porte. »

Ses mots m’ont bouleversée. Parce qu’ils rappellent l’essentiel : la réconciliation ne se résume pas à guérir un seul peuple. Elle appelle chaque être humain à reconnaître ses propres blessures, à les transformer en intelligence du cœur, et à tendre la main à l’autre depuis cet espace d’authenticité.

C’est là que se trouve la véritable rencontre. Pas dans des discours figés, mais dans la vulnérabilité partagée, dans la dignité reconnue, dans l’humanité qui se révèle.

Entrer ensemble dans le cercle

Mocassins et bottes à cap n’est pas seulement un livre. C’est une traversée, une invitation à créer un langage commun entre deux visions du monde. C’est un appel à marcher côte à côte, chacun avec ses pas, son rythme, ses cicatrices et ses forces.

La réconciliation ne commence pas dans les traités ni dans les institutions. Elle naît dans un regard vrai, dans un mot sincère, dans un geste qui rapproche.

Elle commence par un pas.

Et ce pas, chacun de nous peut le faire.

Avec bienveillance,

Mélanie

Dans mon prochain blogue, je partagerai comment cette vision s’est transformée en une méthodologie concrète, Uauie (Cercle), inspirée de la roue de médecine et adaptée au monde contemporain. Une démarche qui relie la guérison intérieure et la transformation collective, pour tracer ensemble de nouveaux chemins.

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